Au revoir Gaby, je me rends dans un petit village dans les hauteurs d’Iznik. Je vais participer à une course à pied, quelques jours après notre arrivée en Turquie. L’Iznik Ultra est une compétition internationale proposant des trails de 160 km. Pour ma part, je vais m’atteler aux 25 qui seront déjà un exploit.
30 minutes de minibus, j’atteins le fin fond du pays. Le décalage des genres me plait. Les anciens boivent leur thé en terrasse. Ils observent les jeunes turcs occidentalisés s’échauffer. Les tracteurs et les navettes se croisent. Les minarets et les arches Redbull se font face.

Derbent, une commune turque sur les hauteurs du lac d’Iznik
Je me demande bien si un pauvre berger aurait pour hobby de courir ? Son gagne-pain étant suffisamment physique, j’en doute.

Habitués à boire leur thé sur la place du village, les anciens observent l’agitation
Pas le temps de tergiverser, je suis concentré. Je me mets sur la ligne du départ. L’excitation, l’adrénaline et l’appréhension se font ressentir. L’air est électrique.
Le décompte ne se fait pas prier pour débuter. Beş, dört, üç, iki, bir, sıfır… GO, les 150 participants se lancent en sprint pour affronter ce trail. Je me place dès le début dans le peloton. Nous disputons les quatre premiers kilomètres à 14 km/h, rythme assez important pour ce type de compétitions.

Départ d’une des épreuves de l’Iznik Ultra
Nous quittons la bourgade pour nous échapper vers les collines avoisinant le grand lac d’Iznik. Le décor est majestueux. Nous traversons des plaines, des collines, des champs, des forêts et des villages tout en surplombant cette étendue d’eau de 32km. D’ici, nous pouvons la contempler dans son entièreté et voir toutes ses extrémités.

Les coureurs longent le lac d’Iznik
Nous attaquons les premières descentes. C’est jouissif de courir aussi vite sans forcer. Cette sensation va rapidement disparaître car celles-ci ne cessent de s’enchainer et de devenir de plus en plus raides. Mes concurrents finissent par marcher, le dénivelé étant important. Je fais le choix de m’obstiner et j’allonge les foulées.
Après 850 mètres de pentes, je retrouve enfin un sentier plat. Délivrance ? Non, souffrance. Mes muscles sont tétanisés. Je me dois de marcher. La chaleur est si importante que je bois mes réserves. Je me retrouve épuisé, en plein cagnard, sans une goutte. J’essaye de trouver des arbres fruitiers aux alentours, comme me l’enseigna Ulas, mais je ne récolte rien… Les compétiteurs et moi-même n’avons pas fière allure. Nous nous traînons au ralenti sur plusieurs milliers de mètres.

25 km de course en pleine nature
Je vois au loin un bourg. Il annonce le dernier check point. Il y aura de quoi se réhydrater et s’alimenter. En m’en approchant, des enfants viennent m’encourager et me taper dans les mains. Ces petits gestes, accompagnés d’eau et de sucre, me sont d’une grande aide ! Mes mollets et mes cuisses sont en souffrance mais je n’abandonnerai pas. Je salue mes aînés assis qui me sourient et je repars plein d’espoir.

Les jeunes de Dırazali m’encouragent
Pourtant, je marche 500 mètres plus loin. Non, impossible ! J’aperçois devant moi un gars. Ce sera mon lièvre. Compétiteur dans l’âme, je m’oblige à le dépasser avant l’arrivée. Je reprends ma course, à faible allure, en gardant ce jeune homme dans ma ligne de mire. Les derniers kilomètres se déroulent ainsi jusqu’à atteindre la ville d’Iznik. Au loin, j’entends les tambours qui résonnent. Ils annoncent le terme de mon calvaire. J’en profite pour lancer mon ultime assaut. En arrivant à sa hauteur, il décide de réaccélérer.
Va-t-il tenir cette nouvelle allure ? Je puise dans mes dernières ressources. Je veux réussir mon sprint final.

La ligne d’arrivée de l’Iznik Ultra
En trombe, je dépasse mon adversaire et la ligne. Ça y est, c’est fini ! Je m’écroule de fatigue. Je n’arrive pas à m’hydrater et à me nourrir, me trouvant en crise d’hypoglycémie. Déçu par mon allure, je suis satisfait d’avoir terminé cette longue distance.
Au plus profond de la Turquie, j’ai réussi à relever ce challenge. Je n’oublierai pas les paysages, les sourires des habitants et la difficulté de cette épreuve.
Mon résultat final ne fut pas si catastrophique, je suis arrivé 15e.
Bravo ne jamais abandonné tu as des ressources et ton classement est top 👏👏👏
Vivement la suite …
Bravo de l ‘énergie au milieu de cette chaleur , un chouette classement .profitez bien du temps qui passe ..
Félicitations Adrien… ne rien lâcher tout se joue dans la tête !!! Encore bravos 😉
Bravo Adrien pour ton courage et ta ténacité. Merci pour tes récits qui donnent envie d’en savoir plus.
Profite de la culture locale, nous avons tant à apprendre…
Bravo Adrien, magnifique performance.
Bravo champion tu gères !
Un vrai gagnant ce Adri.
Nico 😉