En quittant la station de bus de Bursa, nous passons les portiques de sécurité. Les agents ne nous contrôlent pas malgré le signal sonore. L’un des hommes armés s’adresse à moi et comprend que je ne suis pas d’ici. Il me demande d’où je viens, me sourit et me souhaite une excellente journée. Derrière leur épaisse moustache et leur sombre regard, leur hospitalité me surprendra toujours.
Ne sachant pas comment aller dans le centre, nous interrogeons la première personne venue. Elle ne parle pas un mot d’anglais mais ça ne l’empêche pas de nous aider. Elle attrape notre smartphone, observe le GPS et nous indique sur ses mains le nombre 36. Nous avons la solution à notre quête, il nous faut trouver ce bus.
La plupart des Turcs sont ainsi : accueillants, bienveillants et dévoués. Ça nous engage à faire preuve d’humilité.

Un sourire vaut mieux que 1000 mots… 😑
Preuve en est dans le bus que nous empruntons. Les plus jeunes se lèvent, dans un grand respect, pour laisser leur place aux personnes âgées. Ceux qui montent par l’arrière donnent leur monnaie à d’autres passagers pour qu’ils payent auprès du chauffeur. Ils ne mentent jamais sur le lieu de départ et le conducteur leur fait confiance. Le mensonge, le vol et la trahison semblent prohibés. Ils n’en sont pas contraints par la loi. Ils s’en sentent obligés par une conscience morale millénaire.
Nous nous approchons du centre de la ville et du mont Uludağ, ancien volcan éteint. La ville se trouve sur son flanc. La végétation y est luxuriante, comme toujours en Turquie. Les forêts de conifères encerclent la ville.

Derrière ses maisons se trouvent la station de ski de Uludağ
Les grandes avenues font place à d’étroites ruelles. Au fin fond de ce labyrinthe de pavés se trouve un bazar, d’une étendue inestimable. Cette artère piétonne est ombragée, protégée du soleil par de grandes bâches. Les commerces en tout genre se mélangent : bijoux, tissus, épices, légumes… Tous nos sens sont en éveils. Les commerçants nous interpellent et nous séduisent. Ils nous font regarder, toucher et goûter leurs produits du marché tout en écoutant du Türk sanat müziği, l’une des plus vieilles musiques du monde d’origine ottomane.

Entrée du bazar de Bursa
Ce qui me marque à Bursa, c’est son caractère traditionnel. Ancienne seconde capitale de l’Empire Ottoman, la religion musulmane y est pleinement pratiquée. Les hommes et les femmes sont vêtus de la tête au pied. Ces messieurs, par considération, ne montrent pas leurs genoux et ces mesdames dissimulent leurs cheveux.

Grande mosquée de Bursa
La grande mosquée de Bursa, et ses 20 spectaculaires coupoles, font la fierté des habitants. 5 fois par jour, le silence résonne pour faire place à l’appel à la prière, dans un mélange de sonorités mené par les centaines de Mosquées avoisinantes.
3 jours plus tard, nous accostons Izmir, une ville portuaire. Située sur la mer Egée, elle fut fondée par les Grecs, construite par les Romains et reprise par Alexandre le Grand.

Tarihi Asansör, un ascenseur financé par un riche banquier en 1907 pour aider les habitants à atteindre leurs maisons
2eme plus grand port de Turquie après Istanbul, la jet set turc en a fait son fief. Les Ferrari longent le bord de mer et s’arrêtent aux abords des pubs, clubs et restaurants à sushi. Les appels de muezzin ne peuvent pas rivaliser avec la techno des fêtes foraines. L’alcool coule et les mœurs sombrent.

Le quartier de Karataş à Izmir
Quant aux couples, ils peuvent être démonstratifs. Ils se tiennent la main, affichent des signes d’amour et sont vêtus à leur convenance. Tout semble paisible le soir dans le Kültürpark İzmir. Des jeunes font un football dans un city stade et des familles font un cinéma en plein air.
Pourtant, en rentrant du parc, j’assiste tristement à une scène violente de harcèlement de rue. La femme fuit en courant et les deux agresseurs s’échappent en voiture. Même si la religion fait foi, il n’y a pas d’Éden…
Plus nous allons descendre dans le sud et plus nous découvrirons un pays aux milles visages. Les touristes étrangers se pressent dans les provinces d’Izmir, Muğla et d’Antalya. Ils s’y rendent pour ses eaux turquoises et les vestiges des grandes civilisations méridionales. J’y ai rencontré des européens, des américains, beaucoup de russes et j’ai fait du volley avec des touristes Afghan. Oui, c’est surprenant. Ils étaient beaux, musclés et loin du cliché et de mes préjugés.

La province d’Antalya
Pourquoi y a-t-il autant de visiteurs dans ces contrées ? Vous le découvrirez dans le chapitre 4…
Merci Adrien pour ce partage particulièrement interpelant à l’heure où la Turquie s’invite dans l’actualité.